Le 16 octobre 2025 

En début de semaine, le Premier ministre a proposé dans son projet de budget 2026 une taxe sur les produits du vapotage (ou e-liquides) qui irait de 30 à 50 centimes d’euros par flacon de 10 millilitres selon le taux de nicotine qu’il contient. Pourtant, taxer les produits du vapotage reviendrait à taxer un outil aujourd’hui essentiel dans l’aide à l’arrêt du tabac. Lorsqu’ils sont employés par des personnes déjà fumeuses et souhaitant arrêter leur consommation, les produits du vapotage sont en effet des outils de réduction des risques et des dommages (RdRD) efficaces. 

Malheureusement aujourd’hui, nous faisons face à un contresens majeur, y compris, parfois, dans le milieu des professionnels de la santé : les cigarettes électroniques sont de plus en plus considérées comme des produits du tabac “comme les autres” et devant être combattus comme les autres.  

Les discussions de 2024 liées à l’interdiction des puffs, ou cigarettes électroniques jetables, ont mis sur le devant de la scène le problème posé par les puffs. Ces produits développés par l’industrie du tabac, avec leurs couleurs vives et leurs saveurs multiples, ont une cible claire : les jeunes non fumeurs, pas encore dépendants à la nicotine. S’il était urgent d’interdire ces produits (ce qui a été fait, bien que la loi soit aujourd’hui contournée grâce à l’inventivité sans faille de l’industrie), il ne faudrait pas pour autant tout confondre et réduire l’accès à tous les types de cigarettes électroniques.  

Nous ne sommes pas naïfs : oui, les cigarettes électroniques sont problématiques lorsqu’elles sont utilisées par des personnes qui ne consomment pas encore de tabac. L’OMS le rappelait au début du mois dans son dernier rapport : au moins 15 millions d’adolescents utilisent déjà des cigarettes électroniques dans le monde, et les enfants sont en moyenne 9 fois plus susceptibles que les adultes de vapoter.  

En parallèle, l’industrie du tabac, qui ne peut plus se permettre de nier les dangers de ses produits comme au 20ème siècle, adopte, dans sa communication, un nouveau discours : celui de la réduction des risques. En reprenant cette sémantique et en dévoyant un principe au cœur de l’addictologie, l’industrie cherche à légitimer et diffuser de nouveaux produits à base de nicotine (tabac à chauffer, pouches, snus…) pour recruter des consommateurs et préparer ainsi son marché de demain.  

Dans ce contexte, ne nous trompons pas de cible : l’industrie du tabac ne doit pas être considérée comme un acteur de prévention, mais la cigarette électronique, elle, ne doit pas être diabolisée. Au contraire, parce qu’elle est plébiscitée par ceux qui essaient d’arrêter de fumer, il faut affirmer qu’elle reste une solution concrète et accessible, une fois mise à l’écart de toute stratégie marketing.  

Promouvoir la cigarette électronique comme outil de réduction des risques et des dommages ne revient pas à jouer le jeu du lobby du tabac, dès que nous rappelons ces points importants 

  • La cigarette électronique ne doit plus proposer des caractéristiques ou goûts très attractifs. Ces éléments doivent être mieux régulés ;  
  • La stratégie marketing de l’industrie du tabac visant les plus jeunes doit être réellement combattue, notamment via l’interdiction de la promotion de l’ensemble de ses produits sur tous les supports, et notamment les réseaux sociaux.   
     

À la lumière de ces différents éléments, Addictions France est opposée à la proposition du gouvernement de taxer les produits de vapotage et rappelle enfin une donnée aussi fondamentale :  augmenter le prix des cigarettes électroniques ne va pas contribuer à réduire les inégalités sociales en matière de tabac. 

 En publiant cette semaine son nouveau baromètre, Santé publique France montre une fois de plus que les catégories sociales défavorisées ou précaires étaient, en 2024, celles fumant le plus et rencontrant le plus de difficultés pour arrêter : le tabagisme quotidien reste en effet deux fois plus fréquent chez les ouvriers que chez les cadres (25% contre près de 12%), et trois fois plus élevé parmi les personnes en difficulté financière (30% contre 10% chez celles se déclarant à l’aise). La priorité doit donc être donnée à lutter contre ces inégalités, et donner à ceux qui peinent à arrêter tous les moyens pour y arriver.  

 

Nomination du Professeur Amine Benyamina, Président du Fonds ...   

 

 Pr Amine Benyamina, Président d’Addictions France