​Janvier 2025

 

L’autorité nationale des jeux (ANJ) a rendu début janvier son dernier avis relatif à l’examen des stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux pour l’année 2025. 

Cette démarche permet, en théorie, de garantir la cohérence entre les pratiques publicitaires des opérateurs de jeux et les objectifs de l’Etat en matière de prévention du jeu excessif, de l’encadrement des risques liés aux jeux ainsi que de respect de la protection des mineurs.  

Retour sur 2024 

L’année 2024 a été marquée par un agenda sportif soutenu avec un tunnel de compétitions sportives entre mai en août avec l’Euro 2024, suivi par les Jeux Olympiques. 

Les opérateurs de Jeux d’Argent et de Hasard (JAH) ont investis des sommes considérables pour promouvoir leurs activités, en ciblant particulièrement ces deux grands évènements sportifs. L’ensemble des dépenses de promotion s’est élevé à 670 millions d’euros sur l’année 2024. 

Par rapport aux prévisions, les budgets marketing et des gratifications financières des opérateurs ont été moindres de 8% et 3% respectivement. Néanmoins, l’ANJ a constaté une augmentation de 13% de la base de joueurs en ligne durant la même période. 
Cette évolution témoigne de l’efficacité du marketing déployé, qui a conduit à un investissement total de 360 millions d’euros, uniquement pendant les deux semaines des Jeux olympiques. 
 

Une augmentation inquiétante des budgets publicitaires pour 2025 

Un budget marketing à la hausse 

Bien que l’agenda sportif soit moins chargé que l’an dernier, les opérateurs de jeux ont prévu une augmentation de leurs dépenses marketing avec une enveloppe totale de 695 millions d’euros, soit une hausse de 11% par rapport à 2024.  

Cette tendance met en évidence une volonté claire de renforcer notamment la rétention des joueurs, à travers les gratifications financières, qui représentent 58% du budget annoncé.   

Les médias numériques privilégiés pour attirer un nouveau public, plus jeune 

Par ailleurs, le budget alloué aux médias numériques, représentant 45% du budget promotionnel, dépasse largement celui attribué aux médias traditionnels, qui ne représentent que 32%. 

Majoritairement investis par les 18-25 ans, les réseaux sociaux constituent pour les opérateurs de jeux un bassin potentiel de nouveaux jeunes joueurs, plus vulnérables face au risque de jeu excessif, voire au développement d’une dépendance aux jeux d’argent.  

Dans son étude Parijeunes, le chercheur Thomas Amadieu estime que 25% des jeunes interrogés ont eu envie de parier après vu une publicité. Un enjeu de taille donc. 

Le sponsoring sportif plébiscité par les opérateurs  

Enfin, le sponsoring sportif est en pleine croissance avec un investissement de + 23% par rapport à l’année dernière. L’international français, Kylian Mbappé avait d’ailleurs pris la parole à ce sujet dans une interview pour Clique, sur Canal+ (40 min 50) est soulignant une vraie problématique des paris sportifs, notamment dans les quartiers de Seine-Saint-Denis où plus de 42 % des jeunes parieurs disent avoir connu des problèmes de santé, notamment de l’anxiété, liés à leurs pertes d’argent.

A l’étranger des mesures sont prises pour réduire l’exposition des jeunes aux paris sportifs. Par exemple, en Angleterre, les clubs de Première League se sont accordés en 2023 pour mettre fin au parrainage sportif des clubs d’ici 2027. 

 

Ajustements et recommandations pour 2025   

L’ANJ a validé l’ensemble des stratégies évaluées sous conditions :  

  • La réduction des budgets prévisionnels concernant la rétention des joueurs, la publicité et le sponsoring. 4 des opérateurs les plus importants doivent proposer des ajustements à l’ANJ. Cependant, il n’y a pas de précision chiffrée de la diminution attendue ni d’informations supplémentaires sur les types de dépenses concernées par ces ajustements.
  • Une meilleure gestion des partenariats pour réduire l’exposition des mineurs et leur attrait pour le jeu. Dans la pratique, cette modération n’est pas vraiment restrictive car aucun quota, montant ou nombre maximum de partenariats n’est fixé pour une année. 
  • L’exclusion systématique des joueurs excessifs des communications commerciales et une vigilance renforcée sur la promotion d’offres à risque d’addiction tel que les tournois de poker. La définition de joueurs excessifs étant laissée à la libre appréciation des opérateurs de jeux, il existe un biais de classification qui peut porter préjudices aux joueurs les plus fragiles. 

Perspectives 

L’OFDT, dans son dernier rapport (drogues et addictions, chiffre clés 2025) estime qu’actuellement plus d’un million de joueurs sont à risque de jeu problématique, dont 360 000 joueurs à risque excessif. 

Après une année 2024 particulièrement dense, et face aux risques que font peser les paris sportifs sur la santé mentale des jeunes, particulièrement sensibles aux JAH, et à la pression publicitaire grandissante, Addictions France appelle à une loi Evin sur les jeux afin de lutter contre la surexposition aux publicités.