Face à l’abondance de publicités pour l’alcool dans le métro francilien, jusque dans les stations proches des établissements scolaires, France Assos Santé, la Ligue contre le cancer, l’UNAF, la FNAS et Entraid’addict ont décidé de porter plainte contre la RATP, lui reprochant une provocation à la consommation d’alcool. La pression publicitaire en matière d’alcool pose un problème de santé publique et un problème moral car la RATP est un établissement public assurant un service public. Au regard de certaines campagnes problématiques, Addictions France envisage d’assigner la RATP dans un prochain contentieux sur fond de publicité illégale. 

Les moyens publicitaires et de marketing mobilisés au service de la promotion des boissons alcooliques sont colossaux. Ils imposent une incitation à boire de l’alcool dans tous les lieux et tous les moments de notre vie. Cette omniprésence de l’alcool, permise par l’affaiblissement de la loi Evin, vise avant tout la jeunesse, c’est pourquoi Addictions France soutient la démarche entreprise par France Assos Santé à l’encontre de la publicité dans les transports publics. Cela fonctionne :

Au travers de cette plainte, c’est aussi la fréquence et la répétition des stimuli favorables à la consommation d’alcool qui est mise en avant par France Assos Santé. Or, compte tenu de l’importante fréquentation de son réseau et du public jeune qui le fréquente, en tant qu’acteur public, la RATP comme toutes les régies de transport public en France a un rôle social à jouer dans le choix des publicités qu’elle relaie.

Addictions France a par le passé déjà interpellé la RATP ainsi que la régie des transports lyonnais pour avoir permis la diffusion de publicités invasives. Elle envisage prochainement une action contentieuse qui concernera RATP. En effet durant les mois de mars et avril, à au moins 3 reprises, l’intégralité des panneaux publicitaires de la station « La Défense » ont été mis à disposition de la marque de bière Brewdog. Sous couvert de campagne décalée, celle-ci mettait en avant que la répétition améliorait l’efficacité de la campagne.

Selon Addictions France, c’est totalement illégal puisque cette publicité ne parle pas du tout du produit selon les limites posées par la loi Evin, mais surtout d’un cynisme déplacé s’agissant d’alcool : on parle bien ici d’efficacité pour faire boire, sans distinction du public, jeune ou moins jeune .

Il est regrettable qu’un établissement chargé d’une mission de service public vienne encore accroître les incitations à consommer de l’alcool présentes en tous lieux et sous toutes les formes : dans les supermarchés, dans la rue et surtout sur internet et les réseaux sociaux. 

 

Franck Lecas 

Responsable Projets politiques publiques au sein d’Addictions France