Angers, le 03/07/2025

Le rapport inédit « L’alcool en accès libre pour les ados : quels leviers pour agir ? », publié ce mercredi 3 juillet par Addictions France, révèle que la majorité des établissements – des bars aux géants de la grande distribution – vendent de l’alcool à des mineurs malgré l’interdiction légale et ce, pour certains, malgré l’ouverture de procédures judiciaires. 

 

Une législation bafouée et ignorée

Réalisée entre 2023 et mai 2025, l’enquête d’Addictions France pointe la responsabilité de presque toutes les enseignes majeures de la grande distribution : E.Leclerc, Auchan, Lidl, Intermarché, Super U, Carrefour (liste non exhaustive) mais aussi des petites épiceries, des bars et les restaurants : 86% des établissements vendent aujourd’hui de l’alcool aux mineurs. 

Intéressant à noter : 75% des enseignes faisant l’objet d’une action judiciaire ont vendu de l’alcool à des mineurs tandis que le chiffre monte à 91% pour les enseignes n’ayant jamais fait l’objet de contrôles. Cette différence de 16 points témoigne de la nécessité urgente de systématiser les contrôles. 

 

Alcool et adolescents : un mélange dangereux  

L’alcool est aujourd’hui la première substance psychoactive expérimentée par les adolescents, avec des premières consommations qui interviennent souvent dès le collège (43,4% des collégiens en 2022), en général vers 13-14 ans. Un tiers des adolescents de 17 ans a eu un épisode de binge drinking récemment ; cela concerne aussi près de 15% des élèves de 4e et 3e.  

Or : une consommation précoce peut altérer durablement certaines zones cérébrales, affecter les capacités d’apprentissage et accroître les risques de dépendance à l’âge adulte. Les risques à court terme sont également considérables : coma éthylique, accidents, violences,  etc.  

 

Addictions France appelle à prendre des mesures fortes  

Face à ces constats préoccupants et l’irresponsabilité persistante des débits de boisson, Addictions France appelle à un renforcement des contrôles pour mieux faire appliquer la loi. La responsabilisation de ces établissements — par une charte d’engagement, la vérification systématique de l’âge, le blocage des ventes aux mineurs, ou encore la formation obligatoire du personnel — reste indispensable, mais ne suffit plus. 

 

«Il est temps de rendre obligatoire, par voie législative ou réglementaire, la mise en place de procédures de contrôle simples mais systématiques. Sans cadre contraignant et suivi rigoureux, les bonnes intentions resteront lettre morte. » pour Myriam Savy, Directrice de la communication et du plaidoyer d’Addictions France  

Addictions France propose des mesures dissuasives concrètes pour concilier protection des mineurs et viabilité du secteur, qui ne doit pas prospérer au détriment de la santé publique.  

L’application de la loi dans les débits de boissons doit être plus strictement encadrée par : 

  • La systématisation de contrôles aléatoires 
  • L’instauration d’un régime de sanction graduées en proportion au chiffre d’affaires 
  • L’uniformisation nationale des sanctions et des contrôles 
  • L’attribution de moyens supplémentaires à la justice pour réduire les délais d’audiences 

 

À propos d’Association Addictions France : Fondée en 1872 par Louis Pasteur et Claude Bernard, Association Addictions France est reconnue d’utilité publique et agréée d’éducation populaire. L’association intervient au plus près des populations sur toutes les addictions. Elle est également force de proposition pour faire évoluer les opinions et la législation.