Alors que la santé mentale a été érigée en grande cause nationale 2025, les études convergent : la santé mentale des adolescents s’est dégradée, en France comme à l’international. Une étude récente révèle qu’un quart des jeunes français de 15 à 29 ans souffrent de dépression, un facteur psychologique favorisant l’apparition d’addictions.

 

Une étude qui révèle des chiffres préoccupants

Près d’un jeune sur quatre (25 %) âgé de 15 à 29 ans se déclare en situation de dépression, selon une enquête menée au printemps 2025 par la Mutualité Française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram auprès de plus de 5 600 jeunes. Ce mal-être touche l’ensemble du territoire, mais avec des disparités marquées : de 19 % en Bourgogne-Franche-Comté à 28 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse, 27 % en Île-de-France, et des taux alarmants en Outre-mer, notamment en Guadeloupe (37 %) et en Guyane (52 %). Ce constat s’accompagne d’un profond sentiment de solitude : près de la moitié des 18–34 ans se sentent vulnérables à l’isolement.

L’enquête révèle qu’un jeune sur trois (32%) est concernée par au moins un trouble psychique (dépression, anorexie, TOC, phobies, troubles anxieux). Les troubles anxieux, dépressifs, ou les troubles du comportement (comme le TDAH ou les troubles de la conduite) qui émergent à l’adolescence augmentent fortement le risque d’addiction à l’âge adulte.

La santé mentale des jeunes continue de se dégrader, avec une augmentation notable des pensées suicidaires — 7,1 % des jeunes actifs de 18–24 ans en 2021, contre 3,4 % en 2010 — et une fréquentation toujours élevée des urgences pour troubles psychiques ou suicidaires depuis la pandémie.

 

Un facteur de vulnérabilité face aux addictions

La santé mentale fragilisée des jeunes s’accompagne d’une montée inquiétante des comportements addictifs. En 2024, 71 % des adolescents de 12 à 17 ans affirment ne pas pouvoir se passer d’Internet plus d’une journée sans ressentir un manque, un chiffre en hausse de 8 points par rapport à 2023. Cette dépendance numérique s’ajoute à une autre tendance préoccupante : la hausse marquée des prescriptions de psychotropes chez les jeunes. En 2023, près de 936 000 jeunes de 12 à 25 ans se sont vu prescrire au moins un médicament de ce type, soit 18 % de plus qu’en 2019. Dans le détail, les antidépresseurs ont bondi de 60 %, les antipsychotiques de 38 %, et les anxiolytiques de 8 %, avec une surreprésentation notable des jeunes filles parmi les utilisatrices. Leur utilisation peut engendrer des effets indésirables, tels que la tolérance ou la dépendance, qui peuvent à terme conduire à une addiction.

Selon l’Inserm, plus de 90 % des dépendances à l’âge adulte débutent à l’adolescence.

Le pic d’initiation à l’alcool, au tabac, et au cannabis est entre 15 et 18 ans.

L’expérimentation précoce est un facteur prédictif très fort du risque de dépendance sévère à l’âge adulte.

Source : Inserm – Adolescence et conduites addictives (2021)

Comment trouver de l’aide ?

Face à cette situation, la Mutualité Française déploie le dispositif « », permettant aux jeunes (sous prescription médicale) de bénéficier de quatre consultations psychologiques annuelles remboursées jusqu’à 60 €. Des espaces comme les Forums Jeunes complètent les dispositifs en favorisant l’écoute, la parole, et l’orientation vers les soins.

 

Des lieux d’écoute, d’information et de soutien spécifiques aux jeunes

Les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) sont des dispositifs gratuits, anonymes et confidentiels destinés aux jeunes de 12 à 25 ans, ainsi qu’à leur entourage (parents, amis, professionnels). Créées en 2004 par les pouvoirs publics, elles visent à prévenir et accompagner les jeunes face aux conduites addictives, qu’elles concernent des substances (alcool, cannabis, tabac, cocaïne, médicaments) ou des comportements (jeux vidéo, réseaux sociaux, écrans). Ces consultations sont proposées au sein des centres d’addictologie (CSAPA), des Maisons des adolescents, ou des Points accueil écoute jeunes. Elles peuvent également être délocalisées afin d’intervenir directement dans les lieux qu’ils fréquentent tels que les établissements scolaires, les missions locales, les établissements de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), ou même dans l’espace public. Cette approche permet de toucher les jeunes qui ne se déplacent pas spontanément vers les structures traditionnelles.

Ces dispositifs sont animés par des professionnels spécialisés (médecins, psychologues, éducateurs, infirmiers) et offrent une écoute bienveillante, sans jugement, afin de soutenir les jeunes dans leurs questionnements et leurs difficultés liées aux addictions. Ils proposent également des outils de prévention et d’information, ainsi que des orientations vers des prises en charge adaptées si nécessaire.