L’oniomanie désigne l’addiction comportementale aux achats compulsifs et répétés. On vous explique ce qu’est cette pathologie, ce qui la caractérise et comment elle peut être prise en charge. Oniomanie, achats compulsifs : de quoi parle-t-on ?  

« Oniomanie » est issu de la contraction de deux termes : « ônios », qui signifie « à vendre » en grec ancien, et « mania », qui signifie « folie » en latin.  

On parle d’achats compulsifs ou plus familièrement de « fièvre acheteuse » pour désigner des achats effectués à répétition avec impulsion et de manière excessive alors qu’ils sont peu utiles voire inutiles. Les achats compulsifs ont un impact sur la santé mentale de la personne, sur sa vie personnelle, familiale ou professionnelle ainsi que sur sa situation financière.  

L’oniomanie est reconnue depuis les années 90 comme un trouble mental pathologique. Il est classifié dans la CIM-10 (Classification internationale des maladies) comme un « trouble des habitudes et des impulsions ». Dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), il est classé parmi les troubles du contrôle des impulsions.  

 

Les principaux symptômes  

Le Dr Cécile Schou Andreassen de l’Université de Bergen en Norvège a établi une échelle de 7 points pour repérer le trouble de l’oniomanie :  

  1.  Pensées obsessionnelles autour du shopping et de l’achat  
  2.  Impact de l’achat sur l’humeur 
  3.  Achats perturbant le quotidien 
  4.  Besoin d’acheter toujours plus pour atteindre la même satisfaction 
  5.  Incapacité à acheter moins 
  6.  Sentiment de détresse ou de tristesse si l’achat n’est pas réalisé (sentiment de manque non comblé) 
  7.  Achats affectant le bien-être et signes psychologiques d’épisodes maniaques. 

 

Impacts sur la vie et souffrances  

La personne souffrant d’oniomanie ressent un malaise ou un manque qu’elle cherche à combler avec des achats. C’est l’acte d’achat lui-même qui va lui procurer de l’excitation en amont puis un soulagement par la suite. L’oniomane porte moins d’intérêt à l’objet acheté qu’à l’acte d’achat lui-même. Mais par la suite, un sentiment de déception puis de honte ou de culpabilité va s’installer. La personne se retrouve dans un cercle vicieux qui la mène à toujours plus d’achats pour combler son mal-être 

Les cycles d’achats ne se caractérisent pas forcément par l’achat de produits très coûteux. Il peut aussi s’agir d’un enchaînement de produits achetés à petits prix. Dans tous les cas, la répétition des achats compulsifs finit par mener à l’endettement. La personne peut alors cacher ses achats par honte de ses dettes. Son endettement rendra son trouble mental encore plus difficile à vivre. 

 

Ce qui cause ce trouble  

 Les personnes concernées par l’oniomanie présentent généralement les caractéristiques suivantes :  

  • Impulsivité augmentée 
  • Tristesse enfouie 
  • Fragilités émotionnelles  
  • Faible estime de soi. Besoin de se valoriser aux yeux des autres en possédant du matériel 
  • Naïveté face aux campagnes publicitaires, facilité à être influencées par les promesses marketing  

Alain Rigaud, président d’Honneur à Addictions France, précise les sources de l’oniomanie :

« L’oniomanie trouve souvent ses origines dans la petite enfance, avec une relation parent-enfant dysfonctionnelle source de carences affectives. La personne cherchera alors à combler une mauvaise estime de soi, une sensation de vide intérieur et d’absence d’identité à l’aide d’objets, étant donné que pendant une bonne partie de leur enfance ils ont dû chercher des consolations en se tournant vers autre chose, tel que des jouets et des aliments afin de combler ce manque et leur sentiment de solitude. »

L’oniomanie est souvent associé à d’autres troubles : anxiété, trouble de l’humeur, état dépressif, trouble des conduites alimentaires, psychotraumatisme… 

 

La thérapie pour s’en sortir  

  • Dans le cas d’oniomanie, les personnes sont accompagnées pour identifier les motivations, le contexte et les sources, variables, actuelles et passées, qui sont à l’origine de ces achats incontrôlables. Pour cela, plusieurs approches thérapeutiques sont possibles, notamment :  
  • Les approches motivationnelles et les psychothérapies : Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC), psychothérapie psychodynamique 
  • Des séances de relaxation, de sophrologie, d’hypnose, de méditation de pleine conscience 
  • L’entraide avec des groupes comme les Débiteurs anonymes 
  • Un traitement anti-dépresseur si l’addiction au shopping est accompagnée d’une dépression ou d’une forte anxiété 

 Addictions France accompagne les personnes souffrant d’addictions comportementales, aussi appelées « addictions sans substances » comme l’oniomanie, dans ses centres d’addictologie.