Dans sa dernière campagne « Carton rouge : le marketing agressif des paris sportifs », Addictions France révèle les pratiques promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent et de hasard. Pour ces derniers, les paris sportifs représentent un secteur particulièrement lucratif : au cœur d’un marché en plein essor, ils ciblent délibérément les jeunes et encouragent des comportements addictifs, profitant d’un cadre réglementaire insuffisant. C’est ce que révèle le rapport publié ce mardi 15 septembre 2025.

 

Une publicité omniprésente qui incite à jouer toujours plus

Pour séduire toujours plus de joueurs, les opérateurs de jeux déploient des stratégies marketing massives : sponsoring de clubs de football et de fédérations sportives, publicités ciblées pendant les matchs, slogans accrocheurs… L’objectif : rendre le pari sportif incontournable dans les compétitions sportives.  

Les parieurs sont incités à miser toujours plus grâce à une combinaison de visuels attractifs qui jouent sur les émotions fortes, des figures emblématiques et la promesse de gains faciles. Le rapport d’Addictions France met en avant les techniques incitatives des opérateurs et la systématisation des gratifications financières : freebets, offres promotionnelles, notifications, publicités interstitielles…  

                                               

 

En 2024, année marquée par l’Euro et les Jeux olympiques de Paris, les opérateurs de jeux ont annoncé à l’ANJ un investissement publicitaire record de 670 millions d’euros. Une stratégie qui a porté ses fruits : selon un sondage IFOP réalisé pour Addictions France, 62 % des parieurs déclarent avoir joué sous l’influence de la publicité, et 83 % de ceux exposés à des contenus d’influenceurs affirment que cela leur a donné envie de parier.

Les jeunes, une cible privilégiée des opérateurs sur les réseaux sociaux  

Dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions, Addictions France a analysé 2324 contenus et identifié 19 marques promouvant les paris sportifs à travers des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, principalement Winamax et Unibet. L’association a ainsi répertorié 113 comptes faisant la promotion de paris sportifs, en particulier sur Instagram et YouTube. Au total, les comptes le plus actifs touchent plus de 33 millions de followers cumulés au quotidien. 

La promotion des paris sportifs, portée par des influenceurs, célébrités ou prétendus experts comme Mohammed Henni, QPVarcène, Tomciaravino ou Paga, crée un sentiment de proximité qui alimente l’illusion d’un gain facile, notamment chez un public jeune et vulnérable. Or le jeu pathologique est une addiction reconnue qui entraîne des souffrances profondes (financières, sociales et psychologiques) dont le coût pour la société est estimé à 15,5 milliards d’euros par an. Dans le cadre de son projet, Addictions France a tenté de sensibiliser ces créateurs de contenus, sans hélas parvenir à des résultats probants.  

« L’industrie des paris sportifs prospère sur l’illusion et la dépendance. Elle veut faire croire qu’aimer le sport, c’est parier. Il est temps d’en finir avec cette banalisation qui menace la santé publique », dénonce Myriam Savy, directrice de la communication et du plaidoyer chez Addictions France.

 

Une législation dépassée face au numérique : Addictions France appelle à renforcer la réglementation  

Malgré les règles établies par l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) – dont les moyens sont clairement insuffisants –, Addictions France révèle les carences majeures du cadre de régulation actuel.  D’après l’enquête menée par l’association, près de 30 % des contenus d’influenceurs ne respectent pas les directrices de l’ANJ, 80 % négligent les messages de prévention obligatoires. Les formats éphémères comme les stories échappent largement à tout contrôle. 

Face à ce constat, Addictions France appelle à des mesures concrètes pour réduire l’exposition des jeunes à la survalorisation des paris sportifs afin de limiter les risques d’addiction au jeu :

  • Réduire le volume de publicités pour des jeux d’argent, notamment en interdisant la publicité sur les réseaux sociaux, à la TV ou à la radio  
  • Interdire le sponsoring par des opérateurs de jeux  
  • Interdire les gratifications financières (bonus, freebets…)  
  • Instaurer des sanctions réellement dissuasives et, comme pour la loi Evin, habiliter les associations de lutte contre les addictions à poursuivre en justice les contrevenants 

  

Changeons les règles du jeu! Exigeons une évolution de la réglementation des paris sportifs.