« Addictions & environnement : on a changé de climat ! » — tel était le thème de la 19ᵉ édition du Congrès international de l’addictologie de l’Albatros, présidé par le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue, qui s’est tenue à Paris les 10, 11 et 12 juin 2025.

Cette édition 2025 a mis en lumière l’impact de l’environnement — au sens large — sur les comportements addictifs. Pour le Pr Amine Benyamina : 

« il est essentiel d’élargir notre regard au-delà des simples mécanismes biologiques et psychologiques de l’addiction pour mieux comprendre l’impact de l’environnement sur cette problématique de santé. »

Ce congrès a constitué un espace d’échanges et de réflexion, propice à l’émergence de réponses innovantes face aux enjeux environnementaux influençant les pratiques addictives. Ont notamment été abordées les influences :

· Politiques, à travers les choix en matière de prévention, d’accès aux soins et de réduction des risques ;

· Climatiques, le dérèglement du climat accentuant les vulnérabilités et les facteurs de stress ;

· Sociales, avec l’isolement, l’anxiété collective ou encore l’érosion des liens sociaux ;

· Scientifiques, notamment les défis et opportunités portés par les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle.

Quatre travaux étaient nominés. Chacune à sa manière propose une approche intégrée, humaine et ancrée dans les réalités sociales et élargit concrètement le champ de la réduction des risques, en allant là où les besoins sont les plus forts, mais aussi les moins visibles. Ils allient innovation, pertinence scientifique et engagement de terrain, et dessinent les contours d’une addictologie résolument moderne, inclusive et résiliente.

Addictions France était cette année encore présente lors de ce rendez-vous incontournable qui a réuni les plus grands spécialistes nationaux et internationaux de l’addictologie. À cette occasion, l’association a remis le « Prix Prévention et RdRD » visant à récompenser une initiative ou une contribution remarquable dans ce domaine de l’addictologie à Elise Thomas, infirmière au service universitaire d’addictologie du CHU de Brest, avec une équipe pluridisciplinaire composée de N. Kerebel, P. Lijour et M. Guillou-Landréat, pour son travail sur une question encore peu abordée : comment parler de sexualité avec les personnes suivies pour des addictions ?

Comment développer une approche intégrée de la santé sexuelle en hôpital de jour d’addictologie ?

Les personnes ayant un trouble de l’usage de substances rencontrent souvent plus de difficultés dans leur vie sexuelle : infections sexuellement transmissibles, violences, grossesses non prévues, faible accès à la contraception… Pourtant, elles parlent peu de ces sujets, souvent par peur d’être jugées ou mal comprises.

Pour répondre à ce besoin, Elise Thomas et ses collègues ont imaginé une série d’ateliers collectifs autour de la santé sexuelle, proposés dans le cadre d’un hôpital de jour en addictologie. Ces ateliers, validés par un groupe de professionnels de différents horizons, ont été testés au printemps 2025 auprès de 14 hommes suivis au CHU de Brest. Animés par une infirmière sexologue et deux internes, ils proposent une vision positive et ouverte de la sexualité, en s’appuyant notamment sur le modèle de Masters et Johnson.

Les premiers retours sont encourageants. Ces ateliers sont bien accueillis, faciles à mettre en place et ouvrent la voie à une meilleure intégration de la santé sexuelle dans les soins en addictologie. Pour l’équipe, la prochaine étape sera d’en mesurer l’impact plus largement, avec des études à la fois quantitatives et qualitatives.