Pour la Journée mondiale sans tabac 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lance une campagne pour sensibiliser le grand public à l’impact du tabac sur l’environnement. Addictions France s’en fait l’écho car l’impact environnemental de l’industrie du tabac et sa responsabilité sont encore souvent minorées. En effet, la consommation et a fortiori l’addiction au tabac soulève d’évidentes questions de santé publique, auxquelles s’ajoute la préoccupation environnementale. De sa culture à la gestion des déchets, le cycle de production du tabac a des répercussions considérables sur la nature et la santé des hommes.

 

Pollution à tous les niveaux

Si les industriels s’appliquent à minimiser l’empreinte écologique de leur secteur à travers des campagnes de greenwashing, celle-ci est pourtant indiscutable.

Fumer 20 cigarettes par jour pendant 50 ans, ce sont 1,4 million de litres d’eau consommés[1]. Un impact plus que significatif alors que l’eau devient une ressource rare et que de nombreuses régions sont déjà confrontées à des difficultés liées à la gestion et à l’approvisionnement en eau.

« Si la nocivité du tabac pour la santé est reconnue depuis des décennies, son impact écologique a souvent tendance à être négligé. Or, de la déforestation à la consommation d’eau et à l’élimination des déchets, cet impact est significatif [2]. »

Exposetobacco.org – Organisme mondial de surveillance de l’industrie du tabac 

La culture du tabac est par ailleurs responsable de la déforestation de 200 000 hectares de forêts chaque année[3]. Les personnes (parfois des enfants) travaillant sur ces cultures de tabac sont exposés aux différents produits chimiques et aux pesticides hautement dangereux comme l’aldicarbe ou le chlorpyrifos. Cette utilisation de pesticides et de composés chimiques est loin d’être anecdotique puisque le tabac est la 6ème industrie agricole utilisant le plus de pesticides par surface exploitée[4]. Ces pesticides ainsi que la monoculture intensive du tabac détériorent de façon durable la santé des populations locales ainsi que l’environnement local.

Les mégots quant à eux, surtout quand ils sont jetés à terre, représentent une pollution immédiate. Leur composition toxique pollue les sols durablement, notamment les milieux marins : on estime qu’un mégot peut à lui seul polluer 500 litres d’eau[5].

« 10 millions de mégots sont jetés chaque jour à Paris soit l’équivalent de 350 tonnes de déchet par an dans la capitale [6]. »

Ce chiffre faramineux montre à lui seul l’ampleur du phénomène et les effets néfastes du tabagisme.

 

Les « Puffs », ces nouveaux produits à contre-courant de l’écologie

Alors que le recyclage et la lutte contre le gaspillage sont aujourd’hui privilégiés pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité, les produits jetables tels que les puffs, derniers nés de l’industrie du tabac vont totalement à contre-courant. Ce sont des produits faits de plastique, qui contiennent une batterie (pile au lithium), un dispositif de chauffage et un réservoir d’e-liquide qui, une fois jetés, se retrouvent dans la nature.

Qualité de l’air détériorée : les plus fragiles sont les premières victimes

S’agissant de la pollution de l’air, l’industrie du tabac entraîne des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à 84 mégatonnes de dioxyde de carbone par an[7]. L’industrie du tabac participe ainsi activement à la détérioration de la qualité de vie et de l’habitabilité des environnements.

La cigarette et sa fumée contiennent 4000 produits chimiques dont beaucoup sont toxiques et cancérigènes, ceux-ci sont inhalés par le fumeur et sont ensuite relâchés dans l’air. Cette fumée ainsi dégagée pollue et détériore la qualité de l’air, touchant non seulement le fumeur mais aussi son entourage immédiat. Le fait d’inhaler de façon involontaire la fumée dégagée par un ou plusieurs fumeurs est considéré comme du tabagisme passif. Parmi les 8 millions de morts annuelles dues au tabac, 1,2 million sont des non-fumeurs[8].

Certaines populations sont bien plus vulnérables que d’autres face au tabagisme, les enfants, les femmes enceintes ou encore les personnes atteintes de comorbidités. La lutte contre le tabac se révèle d’autant plus nécessaire en raison de la pandémie de Covid-19, pathologie respiratoire touchant bien plus durement les fumeurs, le tabagisme actif augmentant de 80% les risques de développer une forme grave du Covid

Arrêter le tabac c’est se préserver soi mais aussi préserver les autres et l’environnement. Addictions France propose au sein de ses établissements une aide et un suivi personnalisé afin d’aider les fumeurs et leur entourage à réduire ou arrêter leur consommation de tabac. L’association est également ambassadrice et partenaire de la campagne Mois Sans Tabac.

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[1] https://www.generationsanstabac.org/actualites/37-litres-eau-pour-une-seule-cigarette-eclairage-sur-un-gaspillage-majeur-meconnu/

[2] https://exposetobacco.org/wp-content/uploads/Talking_Trash_FR.pdf

[3] https://cnct.fr/limpact-majeur-du-tabac-sur-la-deforestation-2/

[4] https://cnct.fr/la-culture-du-tabac-est-liee-a-une-consommation-elevee-de-pesticides-2/#:~:text=Les%20quantit%C3%A9s%20utilis%C3%A9es%20sont%20loin,3%5D%E2%80%93%5B4%5D.

[5] https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/lutte-contre-le-tabagisme/un-megot-de-cigarette-cest-500-litres-deau-pollues-previent-l-association-de-defense-des-oceans-surfrider-europe_2801755.html

[6] https://cy-clope.com/decomposition-megot-de-cigarette/#:~:text=4%20300%20milliards%20de%20m%C3%A9gots,les%20%C3%A9quipes%20de%20nettoyage%20municipales.

[7] https://www.who.int/fr/news/item/13-12-2021-protect-the-environment-world-no-tobacco-day-2022-will-give-you-one-more-reason-to-quit

[8] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/tobacco

[9] Reddy RK, Charles WN, Sklavounos A, Dutt A, Seed PT, Khajuria A. The effect of smoking on COVID-19 severity: A systematic review and meta-analysis. J Med Virol 2020. http:// dx.doi.org/10.1002/jmv.26389.,Epub ahead of print.