Le 2 septembre dernier a été publié le rapport, rédigé sous la direction des sénatrices Patricia DEMAS, Anne-Sophie ROMAGNY et Anne SOUYRIS, sur les dangers des opioïdes, pour lequel Addictions France a été auditionnée en mars dernier aux côtés de la FFA. Addictions France salue la publication de ce rapport qui reprend en grande partie ses propositions pour mieux prévenir les mésusages d’opioïdes en France.  

Le rapport souligne une hausse préoccupante de la consommation d’opioïdes en France, avec une augmentation des mésusages, des dépendances et des décès liés à ces médicaments. Des signaux d’alerte existent et sont très préoccupants : prescriptions parfois inadaptées, manque de formation des soignants, coordination insuffisante et banalisation de l’usage. Il insiste sur le rôle central du tramadol, de la codéine et de l’oxycodone, largement prescrits parfois en dehors des recommandations, ce qui favorise l’installation rapide d’une dépendance.  

Plusieurs propositions d’Addictions France sont reprises dans ce rapport avec l’objectif de trouver une réponse équilibrée face à la situation urgente dans laquelle se trouvent les consommateurs :  

  • Renforcer la formation des professionnels de santé, devenue essentielle pour évaluer correctement les risques de dépendance et accompagner la fin de prescription 
  • Améliorer la coordination entre prescripteurs et pharmaciens afin de limiter les prescriptions inadaptées et les détournements 
  • Développer une véritable politique de réduction des risques, notamment par un accès élargi à la naloxone et une meilleure éducation thérapeutique des patients 
  • Augmenter la vigilance face à l’émergence des nouveaux opioïdes de synthèse  
  • Consolider l’addictovigilance 
  • Consulter un addictologue au-delà de 3 mois de prescription  

Cependant, le rapport sénatorial omet plusieurs points soulevés par notre association. Le rapport ne mentionne par exemple pas l’impact des préjugés sociaux sur la prescription, tels que le racisme médical et les biais de genre, mis en avant dans la contribution écrite d’Addictions France et dans celles d’autres organismes interrogés.  Si les facteurs sociaux sont bien mentionnés dans le rapport sénatorial, il aurait été intéressant d’en expliquer précisément les enjeux et de proposer des pistes d’action.  

Par ailleurs, le document sénatorial n’intègre pas les données alarmantes sur les délais d’attente démesurément longs dans les structures spécialisées, tels que les CSAPA et les CAARUD, notamment du fait d’une difficulté à recruter du personnel qualifié. Le rapport ne reprend pas non plus la proposition d’une campagne de prévention nationale pour le grand public.  

Afin de limiter la consommation des opioïdes et les conséquences qui y sont liées, Addictions France invite les parlementaires à se saisir de ce rapport et à mettre en œuvre les propositions.