Alcool et inaction des pouvoirs publics : l’OMS tire la sonnette d‘alarme
L’alcool est bon marché en Europe
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle régulièrement que l’un des leviers les plus efficaces pour réduire les coûts sociaux et sanitaires de l’alcool réside dans la fiscalité et les politiques de prix. Même une faible augmentation des taxes permet de réduire la consommation d’alcool, tout en sauvant des vies et en augmentant les revenus budgétaires.
Pourtant, aujourd’hui, l’OMS constate qu’en 20 ans l’alcool est devenu plus abordable dans la plupart des pays de l’Union européenne. Pour y remédier, l’organisation met à disposition des pouvoirs publics deux nouvelles ressources :
- Un rapport complet sur la fiscalité et le prix de l’alcool en Europe dessinant une cartographie européenne inégale et en retard par rapport aux données scientifiques sur les risques et dommages liés à la consommation d’alcool
- Un outil pratique pour accompagner et aider les gouvernements frileux à concevoir des politiques fiscales et de prix efficaces en matière de santé publique.
Promouvoir une politique qui sauve des vies et finance la santé
Cette nouvelle prise de position de l’OMS vise également à dépasser un certain tabou : la crainte des décideurs de voir baisser les revenus issus des taxes. C’est pourtant l’inverse qui se produit : si les taxes supplémentaires sur l’alcool permettent de diminuer la consommation, notamment des jeunes et des buveurs réguliers, celles-ci ne font pas diminuer les revenus de l’Etat liés à la vente d’alcool. En proportion, les revenus fiscaux augmentent plus que la consommation ne baisse.
L’OMS démontre également la place à part du vin dans le paysage fiscal européen : en raison d’une taxe faible ou inexistante, en comparaison des autres produits alcoolisés, les Européens peuvent acheter jusqu’à 76% plus de vin qu’il y a quelques années (46% de plus pour la bière et 37% de plus pour les spiritueux).
Et en France ?
Addictions France se positionne depuis longtemps sur le sujet en revendiquant l’importance de repenser l’approche fiscale de l’alcool, notamment celle applicable au vin, et en demandant la mise en place d’un prix minimum par unité d’alcool. Rappelons que si les prix sont très abordables, il est difficile de faire baisser les consommations, et donc les dommages, en particulier pour les personnes aux faibles revenus.
Malgré son efficacité prouvée, le faible coût de sa mise en œuvre et son double bénéfice pour la santé publique et les revenus budgétaires, le levier de la fiscalité comportementale est sous-exploité, victime d’un manque de volonté politique. Les études de l’OMS reviennent sur des exemples de pays où l’augmentation des taxes a permis de diminuer la consommation d’alcool, et donc son taux de mortalité comme en Lituanie, au Portugal ou encore dans les pays nordiques… A quand en France ?
Pour aller plus loin
Retrouvez les ressources publiées par l’OMS (en anglais)
- World Health Organization. Regional Office for Europe. (2025). Alcohol taxes, prices and affordability in the WHO European Region in 2022. World Health Organization. Regional Office for Europe. https://iris.who.int/handle/10665/381233. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO
- World Health Organization. Regional Office for Europe. (2025). Alcohol taxation and pricing policies implementation toolkit: a practical guide for selecting, implementing and evaluating policies. World Health Organization. Regional Office for Europe. https://iris.who.int/handle/10665/381218. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO
Retrouvez la note de position de l’association : Le prix minimum par unité d’alcool pour réduire les dommages liés à l’alcool