Publicités en faveur de l'alcool : une proposition de loi en discussion à l'Assemblée nationale
Suite à la publication d’une tribune dans Libération, cosignée par Addictions France, France Assos Santé, des députés, des soignants et des personnalités publiques, les députés Loïc Prud’homme et Karine Lebon ont organisé une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour présenter leur proposition de loi visant à protéger la jeunesse des dérives du marketing des industriels de l’alcool.
La proposition de loi déposée par les deux députés, et soutenue de manière transpartisane par 125 députés au total, prévoit notamment :
- L’interdiction de la publicité pour de l’alcool par des influenceurs sur les réseaux sociaux, à l’exception des influenceurs spécialisés sur le vin ;
- L’interdiction de toute publicité pour de l’alcool aux abords des établissements scolaires ;
- Une hausse des sanctions afin de renforcer l’effet dissuasif et un accès aux coordonnées d’identification des influenceurs (mentions légales).
Dans un rapport publié en septembre 2024, Addictions France avait mis en évidence les limites du cadre actuel de régulation sur les réseaux sociaux :
- 79 % des 15-21 ans déclarent voir des publicités pour de l’alcool chaque semaine sur les réseaux sociaux.
- 23 % des adolescents reconnaissent que ces publicités leur ont donné envie de consommer de l’alcool.
Alors que les influenceurs façonnent le paysage numérique et imposent de nouvelles normes, leur impact sur les jeunes est indéniable. Entre 2021 et 2024, Addictions France a recensé plus de 11 300 contenus valorisant l’alcool, identifié plus de 800 marques et suivi 483 influenceurs. Ces travaux montrent qu’il est impossible de réguler l’ensemble des contenus en ligne et que l’autorégulation atteint ses limites, d’autant plus que de nombreux influenceurs ignorent le cadre réglementaire en vigueur.
Ce sujet suscite un large consensus : 77 % des Français se disent favorables à une interdiction totale de la publicité pour l’alcool[1] et la moitié des parents d’adolescents âgés de 13 à 17 ans estiment que l’interdiction de la publicité sur les réseaux sociaux devrait être une priorité pour retarder la consommation d’alcool chez les mineurs[2].
Face à cette réalité, Addictions France invite les parlementaires à se mobiliser, au-delà des clivages politiques, autour de cette proposition de loi pour faire de cette question une priorité de santé publique et protéger la jeunesse des stratégies de marketing agressives de l’industrie de l’alcool.
Lire la tribune : Alcool : protégeons les jeunes de l’exposition à la publicité – Libération
Lire le rapport rapport : Promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux, un nouveau far west
[1] Enquête France Assos Santé – Harris Interactive
[2] BVA pour Addictions France