À quelques jours des fêtes de fin d’année, période propice aux excès, une étude réalisée par BVA Xsight pour Addictions France[1] montre l’ambivalence des Français vis-à-vis de la consommation d’alcool des adolescents. Une seconde étude montre en parallèle que les mineurs peuvent s’en procurer facilement. De l’initiation en famille à la vente illégale dans les bars, cafés, fast-food, supermarchés, épiceries… la tolérance sociale vis-à-vis de l’alcool compromet sérieusement les efforts de prévention auprès des plus jeunes.

 

« Plus de la moitié des Français juge acceptable qu’un adolescent consomme de l’alcool dans certaines situations »

Souvent considérées comme un rite initiatique et culturel, les premières initiations à l’alcool se font généralement en famille. Ainsi, la consommation d’alcool des adolescents de 15 à 17 ans est jugée acceptable dans un contexte familial ou festif par 55% des Français, et 46% des parents d’adolescents. L’âge de la première initiation en famille est aussi révélateur : en France, un enfant goûte de l’alcool pour la première fois à l’âge de 14 ans en moyenne.

Bien que les Français s’estiment bien informés, les risques pour la santé liés à une consommation occasionnelle d’alcool par les adolescents sont largement sous-estimés en population générale, même s’ils sont un peu mieux appréhendés par les parents. Seulement 38% des personnes interrogées associent la consommation occasionnelle d’alcool à un risque élevé pour la santé d’un adolescent alors qu’ils sont 82% à considérer qu’une consommation régulière représente un risque élevé.

À l’approche des fêtes de fin d’année, période festive propice aux consommations d’alcool et aux initiations en famille, Addictions France rappelle que l’initiation précoce à la consommation d’alcool, loin « d’éduquer au goût », banalise de fait l’alcool et peut conduire à des consommations excessives à l’âge adulte.

 

 Vente d’alcool aux mineurs : carton rouge pour les bars, cafés et fast-food

La tolérance sociale vis-à-vis de la consommation d’alcool est cependant loin d’expliquer pourquoi il est si facile de boire de l’alcool quand on est adolescent. L’irresponsabilité des acteurs économiques favorise largement l’entrée précoce des jeunes dans la consommation.

De manière quasi systématique, les débits de boissons ne respectent pas la loi et vendent de l’alcool aux mineurs. Cet été, à Nantes et dans 6 autres communes de Loire-Atlantique[2], Addictions France a réalisé des achats-tests dans des bars, cafés et fast-food : sur les 42 établissements visités, tous, sauf un, ont vendu de l’alcool à des mineurs.

Déjà en 2021, une opération de testing menée par Addictions France en Loire-Atlantique et dans le Finistère auprès des supermarchés avait montré que 9 magasins sur 10 ne respectaient pas l’interdiction. Après une vague de constatations en 2023 qui a conduit aux mêmes conclusions, l’association a décidé d’engager des premières poursuites pénales à l’encontre de 4 magasins des enseignes Auchan et Leclerc.

Pour Bernard Basset, président d’Addictions France :

 « Il est regrettable que nous en arrivions à devoir attaquer les enseignes en justice pour qu’elles daignent respecter une loi, instaurée pour protéger la jeunesse ».

 

Pour les Français[2], il y a urgence à agir contre des pratiques jugées « inacceptables » pour 92% d’entre eux. Ainsi, 9 personnes sur 10 (et 94% des parents) soutiennent le renforcement des contrôles et des sanctions à l’encontre des établissements contrevenants. Ils en font la priorité numéro 1 pour réduire ou retarder la consommation d’alcool des adolescents.

 

[1] Enquête réalisée du 10 au 19 octobre 2023 auprès d’un échantillon de 1000 personnes âgées de 18 ans ou plus, représentatif de la population française, et d’un sur-échantillon de 500 parents d’adolescents de 13 à 17 ans.

[2] Ancenis-St-Géréon, Clisson, Vallet, Blain, Héric, Les Touches, Nord s/ Erdre

 

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À propos d’Addictions France :

Reconnue d’utilité publique et agréée d’éducation populaire, Association Addictions France (anciennement ANPAA) est un acteur majeur et historique de la santé publique fondé en 1872 par Louis Pasteur et Claude Bernard. Composée de professionnels du médico-psycho-social, de la prévention et du plaidoyer, l’association agit au plus près des populations et intervient sur toutes les addictions (tabac, alcool, cannabis, médicaments psychotropes, pratiques de jeux excessives, drogues illicites et autres addictions sans substance). En plus d’informer, de sensibiliser et de faire de la prévention pour tous les publics, elle gère plusieurs dizaines de centres en addictologie en France métropolitaine et en Outre-mer, propose des formations auprès des professionnels, tout en veillant au respect et à la défense de la Loi Evin.  Addictions France porte finalement un projet de société dans lequel la problématique des addictions n’est ni un tabou, ni une fatalité : ensemble, changeons le regard sur les addictions !

 

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Contact presse :

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