En cette journée internationale des Droits des femmes qui rappelle les luttes des femmes pour leurs droits, notamment dans le cadre professionnel, Addictions France souhaite mettre en lumière la situation particulière des femmes travaillant dans les secteurs sanitaire, social et médico-social et reconnaitre toutes celles qui font vivre le milieu médico-social.  

Les métiers du médico-social sont essentiels à la société, en particulier en temps de crise, comme l’a rappelé la pandémie de covid-19. Pourtant, ces professions qui demandent un engagement total, sont insuffisamment reconnues et mal rémunérées.  

Dans le secteur médico-social, plus de 90% des emplois sont occupés par des femmes. Secrétaires, assistantes sociales, éducatrices spécialisées, conseillères en économie sociale et familiale, les femmes qui sont en premières lignes pour soutenir et accompagner les personnes vulnérables. Elles sont aussi les premières à subir le manque de reconnaissance.  

Le paradoxe du « care » : un rôle indispensable mais invisible porté par les femmes 

Le “care” repose sur quatre dimensions : se préoccuper de l’autre (attention), le prendre en charge (responsabilité), l’acte de soin en lui-même (compétence) et le fait que l’autre reçoive le soin (consentement). Si l’on conserve le terme anglais, c’est parce qu’aucun terme français ne permet d’exprimer à la fois la sollicitude (se soucier de l’autre) et le soin (s’en occuper concrètement). 

Paradoxalement, le travail du « care » est un travail discret. Les professionnelles s’effacent derrière la reconstruction des personnes qu’elles accompagnent. Elles favorisent le bien-être des personnes accompagnées, les orientent vers les bons dispositifs, sans jamais imposer de choix. Ces gestes cruciaux passent pourtant inaperçus. La discrétion constitue un élément fondamental du travail de « care » (prendre soin) mais contribue à l’invisibilisation du travail et par extension au manque de reconnaissance sociale.  

Le manque de reconnaissance de ces métiers, ne s’explique qu’en partie par la discrétion inhérente à leurs missions. Pour Pascale Molinier, auteure de l’ouvrage Le travail du care, cette faible valorisation s’explique par l’assimilation historique du soin au rôle domestique des femmes. Ce qui est considéré comme des tâches « naturelles » est peu valorisé et mal rémunéré. La philosophe Sandra Laugier souligne que le fait de considérer le “care”  comme un simple “geste naturel”2 féminin empêche une véritable reconnaissance institutionnelle et économique de ce travail. 

Revendiquer la reconnaissance qui leur est due  

Le manque de reconnaissance ne se limite pas aux salaires, il touche aux conditions de travail, à la charge mentale, au manque de considération institutionnelle. Revaloriser ces métiers nécessite de repenser la façon dont nous percevons le « care », une expertise indispensable au bon fonctionnement de notre société.  

En ce 8 mars, Addictions France tient à remercier toutes les femmes qui, au sein de notre association et dans les centres d’addictologie partout en France, accompagnent, écoutent et soutiennent les personnes concernées par les addictions.  

Prendre soin n’est pas une responsabilité ou un devoir “naturel” des femmes, mais un choix, un engagement libre qui mérite d’être reconnu et valorisé à sa juste valeur. Défendre l’égalité, c’est aussi reconnaître la valeur de ce travail, et veiller à ce qu’il ne repose pas uniquement sur la vocation. 

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(2) Sandra Laugier, Le souci des autres. Éthique et politique du care