Des géants de la grande distribution aux bars de quartiers, tous hors-la-loi pour la vente d’alcool aux mineurs
Dans son rapport « L’alcool en libre accès pour les mineurs : quels leviers pour agir ? », Addictions France révèle un dysfonctionnement majeur : la majorité des établissements – des petits bars de quartiers aux géants de la grande distribution – vendent de l’alcool à des mineurs malgré l’interdiction légale et ce, pour certains, malgré l’ouverture de procédures judiciaires.
Une irresponsabilité collective : les mineurs peuvent acheter de l’alcool n’importe où, sans aucune difficulté
E.Leclerc, Auchan, Lidl, Intermarché, Super U, Carrefour, Monoprix (liste non exhaustive) mais aussi les petites épiceries, les bars et les restaurants : 86% des établissements vendent de l’alcool aux mineurs. C’est une pratique illégale généralisée à l’ensemble des enseignes et des débits de boissons, à emporter ou sur place, d’après plusieurs opérations d’achats tests menés en 2021, 2023 et 2025 par Addictions France dans le cadre d’un projet expérimental à Nantes, Angers et Rennes.
Encore plus inquiétant : 75% des enseignes qui font actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour cette infraction ont récidivé. Ce chiffre témoigne du manque flagrant de prise de conscience de la part des établissements ainsi que de la nécessité de systématiser les contrôles.
L’exigence de preuve de la majorité du client, obligation légale, est largement ignorée. L’article L.3342-1 précise pourtant que la personne qui délivre la boisson exige du client qu’il établisse la preuve de sa majorité, ce qui implique un acte systématique et non conditionné par le simple doute sur l’apparence physique du client, ce qui est pourtant souvent le cas.
Une tolérance sociale dangereuse
L’alcool est aujourd’hui la première substance psychoactive expérimentée par les adolescents avec des premières consommations qui interviennent souvent dès le collège (43,4% des collégiens en 2022), en général vers 13-14 ans. Un tiers des adolescents de 17 ans a eu un épisode de binge drinking (épisode d’alcoolisation ponctuelle importante) ; cela concerne aussi près de 15% des élèves de 4e et 3e.
🚨 Une consommation précoce peut altérer durablement certaines zones cérébrales, affecter les capacités d’apprentissage et accroître les risques de dépendance à l’âge adulte. Les risques à court terme sont également considérables : coma éthylique, accidents, violences etc.
Addictions France propose des mesures pour renforcer l’interdit protecteur
Face à ces constats préoccupants et l’irresponsabilité persistante des débits de boisson, Addictions France appelle à un renforcement des contrôles pour mieux faire appliquer la loi. La responsabilisation de ces établissements — par une charte d’engagement, la vérification systématique de l’âge, le blocage des ventes aux mineurs, ou encore la formation obligatoire du personnel — reste indispensable, mais ne suffit plus.
Addictions France propose des mesures dissuasives concrètes pour concilier protection des mineurs et viabilité du secteur, qui ne doit pas prospérer au détriment de la santé publique.
L’application de la loi dans les débits de boissons doit être plus strictement encadrée par :
- La systématisation de contrôles aléatoires
- L’instauration d’un régime de sanction graduées en proportion du chiffre d’affaires
- Le développement des sanctions administratives
- Un suivi national des contrôles et des sanctions
🎥 ENQUÊTE VIDÉO OUEST FRANCE. Pourquoi acheter de l’alcool en étant mineur est encore trop facile