La réduction des risques et des dommages (RDRD) est un principe de santé publique visant à réduire les conséquences et les dommages – sanitaires et socio-économiques – induits par la consommation de substances psychoactives chez les individus, sans attendre d’eux un arrêt ou une diminution de leur consommation.

Cette politique a été initiée à la fin des années 80 pour endiguer les contaminations au VIH parmi les usagers de drogues. Depuis 2004 et l’adoption de la loi sur la politique de santé publique, elle fait l’objet d’une reconnaissance par l’Etat.

 

Aux origines de la RDRD, la mise à disposition de matériel de prévention

A ses débuts, la RDRD s’est notamment traduite par la distribution de matériel de réduction des risques. L’utilisation de matériel propre et stérile (paille, seringues…) est en effet nécessaire pour éviter la contamination à différentes infections.

Aujourd’hui, la réduction des risques et des dommages s’appuie aussi sur des actions de prévention et de sensibilisation des publics, par exemple en milieu festif (distribution de kits stériles, analyse des drogues…). À Paris, Addictions France coordonne par exemple le dispositif Fêtez-clairs depuis 2018. En Bretagne, elle porte le collectif Orange Bleue ou encore l’action Noz’Ambule à Rennes. Ces dispositifs visent à promouvoir une culture de la fête favorable à la santé et au bien-être des jeunes via des stratégies de sensibilisation et de réduction des risques.

Alors que la marginalisation des consommateurs de substances psychoactives a pour effet de les éloigner du soin et des structures d’aide sociale, le soutien aux démarches d’accès aux droits sociaux, l’aide au logement et à la réinsertion font aussi partie de la palette RDRD.  

 

« La RDRD est, avant tout, une philosophe de prise en charge qui ne repose plus sur le paradigme de l’abstinence. Elle reconnait l’expertise des usagers et leurs capacités à agir (enpowerment) pour un mieux-être. (…) Elle offre une réponse adaptée mais non stigmatisante s’inscrivant dans une possible continuité de soins. »

Mylène Guillaume, chargée de projet régional Activité « Réduction Des Risques et milieu Festif »

 

Les CAARUD, des lieux au cœur de la politique RDRD

 

Les centres d’Addictions France, les CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) et les CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) assurent des missions de RDRD : dépistages des différentes infections transmissibles (notamment via les TROD), soutien des personnes pour l’accès aux droits, l’insertion sociale et professionnelle, délivrance de traitements de substitution, mise à disposition de matériel (kits de matériel stérile, kits d’hygiène, aide alimentaire).

Les centres peuvent aussi promouvoir la vaccination pour protéger de certaines pathologies, comme les hépatites, ou encore favoriser l’utilisation de d’outils nouveaux comme la PrEP, un traitement préventif permettant d’éviter une infection au VIH.

Alors que les CAARUD ont essentiellement un rôle d’accueil et de premier contact avec des populations souvent désocialisées, les CSAPA proposent un accompagnement plus poussé des personnes et travaillent avec elles à réduire les dommages physiques, psychologiques et sociaux engendrés par leur consommation de substances psychoactives.

Sur le plan des politiques publiques en matière de RDRD, Addictions France milite pour la mise en place de salles de consommation à moindre risque (Transformées désormais en Haltes Soins Addictions). Loin du stéréotype qui en est fait en les présentant comme des « salles de shoot », celles-ci constituent une réelle porte d’entrée vers le soin et vers un accompagnement social pour des populations marginalisées.