Nouvelles drogues de synthèse
Les drogues de synthèse, aussi appelées « nouveaux produits de synthèse » (NPS), sont des substances psychoactives créées pour imiter les effets des drogues dérivées de plantes (comme la cocaïne ou le cannabis) et ceux de certaines drogues synthétiques (comme l’ecstasy ou les amphétamines). Les NPS sont souvent plus puissants et plus dangereux que les produits qu’ils tentent d’imiter. Véritable préoccupation pour les pouvoirs publics et les structures dédiées à la prévention des risques, leur consommation et leur marché ont rapidement évolué au cours des deux dernières décennies.
Types et effets : comment définir les NPS ?
D’après la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), les NPS désignent « de nouveaux stupéfiants ou psychotropes, sous forme pure ou en préparation, qui ne sont pas contrôlés par les conventions des Nations-Unies sur les drogues, mais qui peuvent constituer une menace pour la santé publique comparable à celle posée par les substances énumérées dans ces conventions ». Dans les faits, ce terme regroupe un éventail très hétérogène de substances qui imitent les effets de différents produits.
Ces molécules peuvent être classées en différentes catégories, en se basant sur leurs propriétés pharmacologiques ou leurs structures chimiques. Parmi ces différentes familles, les substances les plus fréquemment observées en France appartiennent aux groupes des cathinones, des cannabinoïdes, et d’opioïdes de synthèse.
- Les cannabinoïdes de synthèse impliquent souvent des effets similaires au cannabis. Ils ont gagné en popularité en raison de leur accessibilité. Leurs effets peuvent être très puissants et imprévisibles, entraînant parfois des épisodes psychotiques sévères.
- Les cathinones de synthèse imitent les effets de stimulations de la cocaïne et des amphétamines, provoquant des sensations d’euphorie, une augmentation de l’énergie, mais aussi anxiété et paranoïa. Ces substances sont souvent consommées en milieu festif.
- Les opioïdes de synthèse, extrêmement puissants, présentent un risque élevé de surdose. L’émergence du fentanyl et de ses dérivés représente une menace croissante en raison de la forte létalité de ces substances.
Depuis deux décennies, des produits qui se propagent
Les NPS ont pris une place de plus en plus importante sur le marché mondial des substances psychoactives. Selon l’Observatoire Français des Tendances Addictives, c’est la classe de drogue qui a le plus explosé ces dernières années : l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies détecte environ 400 nouveaux NPS chaque année. À l’échelle mondiale, c’est aux cours des années 2000 que leur consommation bondit. Le marché est alimenté par la facilité de production de ces substances en laboratoire, souvent à moindre coût. Les principaux producteurs sont situés en Asie où la réglementation chimique est moins stricte. Les produits sont ensuite vendus sur internet, facilitant leur distribution à grande échelle.
En France, la consommation de drogues de synthèse a suivi la tendance mondiale, avec une augmentation notable au cours des dix dernières années. Selon l’OFDT, la présence de ces substances sur le marché français s’est intensifiée, notamment parmi les jeunes adultes. Même si le phénomène n’a pas la même ampleur qu’en Amérique du Nord, où les surdoses aux opioïdes de synthèse est devenue une véritable épidémie, l’évolution des données de consommation exige une attention renforcée de la part de tous les acteurs. Les intoxications aiguës et les décès continuent de progresser, notamment en raison des usages croissants des NPS en milieux festifs. Attention cependant à ne pas faire de généralité : la consommation de NPS concerne tous les milieux sociaux et tous les profils.
Des conséquences sanitaires et sociales dramatiques
Les drogues de synthèse posent plusieurs dangers significatifs. En premier lieu, leur composition chimique est souvent inconnue, ce qui rend difficile l’évaluation de leur toxicité et de leurs effets à long terme. En effet, les producteurs de NPS modifient régulièrement la composition de leurs produits pour échapper aux contrôles. Les consommateurs ne peuvent être sûrs ni de la quantité de produit actif ni même de la molécule qu’ils achètent. Sans ces informations clés, les risques de mésusage et de surdose sont particulièrement élevés.
Deuxièmement, les NPS ont des effets – parfois graves – sur la santé. Une seule prise peut avoir des effets directs en créant une insuffisance respiratoire, une hypertension ou encore des troubles cardiaques. Prises fréquemment et sur le long terme, ces substances peuvent avoir des conséquences chroniques sur le corps (perte de poids, insomnie, dommage aux organes …). Leur usage peut également mener à des conduites à risque au moment de la prise du fait d’une altération du discernement ou au développement de troubles psychiques (troubles de l’humeur, sensation d’épuisement, état dépressif, paranoïa, isolement …). L’ensemble de ces effets provient des produits en eux-mêmes mais aussi de la dépendance qu’ils peuvent rapidement créer. En effet, la consommation régulière des NPS peut conduire à l’installation d’une addiction qui plonge les consommateurs dans des difficultés sociales et économiques majeures.
Quelles réponses apportées par les autorités ?
D’après l’OFDT, la majorité des NPS consommées en France sont classés sur la liste des stupéfiants. Leur usage et leur trafic sont donc prohibés et leur commerce à des fins pharmaceutiques ou industrielles fortement régulé. En théorie, les NPS sont illégaux. Mais pour échapper aux radars des autorités, les fabricants changent les recettes et modifient les structures moléculaires. Difficile donc de contrôler leur production, leur diffusion et leur circulation. La vitesse à laquelle ces nouvelles substances apparaissent bouscule les procédures législatives nationales de contrôle. Les autorités multiplient les procédures d’interdiction qui consistent à qualifier et classer ces produits dans la liste des stupéfiants. Mais cette politique n’est pas efficace comme le souligne l’OEDT.
Il est donc essentiel de construire une politique de santé cohérente permettant une meilleure formation du personnel soignant pour une meilleure prise en charge de la consommation de ces nouveaux produits dans une logique de réduction des risques et des dommages.