Dans un rapport inédit rendu public aujourd’hui, Addictions France révèle comment les industriels de l’alcool investissent massivement les réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits auprès des jeunes. Au total, ce sont plus de 11 300 contenus valorisant l’alcool qui ont été repérés en moins de 3 ans. Pour Addictions France, une seule mesure s’impose : l’interdiction totale de la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux. Des parlementaires de plusieurs bords politiques (Marion CANALES, sénatrice du Puy-de-Dôme ; Arthur DELAPORTE, député du Calvados ; Cyrille ISAAC-SIBILLE, député du Rhône) ont partagé leurs points de vue sur ce sujet préoccupant lors d’une conférence organisée ce matin pour présenter le rapport.

Depuis 2021, Addictions France analyse les publications faisant la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions. Avec l’aide de son partenaire Avenir Santé, l’association a relevé des milliers de contenus qui valorisent l’alcool sur les réseaux sociaux, provenant tant d’influenceurs que de marques d’alcool. Au total, ce sont 802 marques qui ont été identifiées parmi lesquelles on retrouve Ricard, Heineken et Aperol. Dans son rapport intitulé « Promotion de l’alcool : les réseaux sociaux, un nouveau Far West » présenté aujourd’hui lors d’une conférence à la Maison de la Chimie, Addictions France revient sur les principaux enseignements de ce projet et de ses 30 ans de pratique de la loi Evin.

Des jeunes de plus en plus exposés à la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux, grâce à des algorithmes toujours plus performants, permettent aux marques d’alcool de toucher de manière insidieuse une communauté plus jeune (et plus vulnérable), engagée et réceptive à leurs stratégies marketing. Cela, à travers des publicités qui s’immiscent dans les fils d’actualité ou entre deux stories[1], des contenus léchés et attractifs associant l’alcool à une émotion positive, et via des partenariats avec des influenceurs.

Pour Addictions France, le constat est sans appel : le marketing de l’alcool est omniprésent, interactif et disponible en permanence, avec un impact réel sur l’envie de consommer des plus jeunes. Selon une étude de l’EHESP réalisée dans le cadre du projet[2], 79% des 15-21 ans indiquent voir des publicités pour de l’alcool toutes les semaines sur les réseaux sociaux, et 23% des adolescents avouent que les publicités pour l’alcool leur ont donné envie de boire.

Une envie que l’on retrouve dans les tendances de consommation. Selon une étude de l’OFDT publiée en janvier 2024, près de 15% des élèves de 4e et 3e et plus d’un tiers des jeunes de 17 ans ont connu un épisode de binge drinking dans le mois précédent l’enquête.

De grandes ambitions commerciales au détriment de la santé des jeunes 

Il est temps d’ouvrir les yeux sur les conséquences d’une exposition accrue aux publicités pour l’alcool. Pour Addictions France, une seule solution s’impose : interdire la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux et ainsi aligner les règles pour ces réseaux sur celles en vigueur pour la télévision et le cinéma.

L’association appelle maintenant l’ensemble du Parlement et le Gouvernement à se saisir de cette question et à agir pour la protection de la santé des jeunes.

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[1] Définition de « Story » dans Le Robert : « Vidéo de format très court ou image publiée par un internaute sur un réseau social et visible pendant une période limitée ».

[2] K. Gallopel-Morvan, J-F. Diouf, N. Sirven, E. Guégan, “Influence des messages en faveur de l’alcool diffusés sur les réseaux sociaux : Une expérimentation sur 1917 jeunes français de 15-21 ans”, EHESP

     

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