Plus de 5 000 contenus pro-alcool identifiés sur les réseaux sociaux depuis 1 an

Alors qu’Emmanuel Macron a récemment promis de « faire la guerre au Far West des réseaux sociaux », Addictions France agit avec des moyens limités face à un phénomène hors de contrôle sur ces plateformes : la promotion de l’alcool. Si plusieurs parlementaires se sont mobilisés autour des conclusions du rapport d’Addictions France fin 2024, la loi n’a toujours pas évolué pour réguler efficacement ces pratiques.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, la publicité illégale pour l’alcool prospère :

  • +16 000 publications problématiques observées depuis juin 2021 sur Instagram et TikTok
  • 957 marques identifiées dont Heineken, Ricard, Laurent-Perrier, St Germain et Aperol parmi les plus actives
  • 442  influenceurs contactés (116 nouveaux depuis septembre 2024)
  • 73% des contenus sont des stories éphémères, une voie massive de contournement

Addictions France obtient le statut de signaleur de confiance : et après ?

Bien qu’ayant obtenu en avril 2025 le statut de signaleur de confiance auprès de l’ARCOM, qui garantit un traitement prioritaire des signalements par les plateformes, Addictions France constate une réactivité insuffisante face aux demandes de retrait de contenus problématiques. Ce statut devrait pourtant favoriser une meilleure application de la loi Evin et renforcer la protection de la santé des jeunes… 

 

Les influenceurs face à leurs responsabilités

Lorsqu’elle intente des actions en justice, Addictions France cible principalement les marques d’alcool qui contournent régulièrement les règles en matière de publicité pour de l’alcool. Aujourd’hui, pour limiter leurs risques, les marques ont de plus en plus recours à des influenceurs pour promouvoir leurs produits auprès des plus jeunes. En effet, les influenceurs restent responsables des contenus qu’ils publient. Or tous ne semblent pas réceptifs aux démarches de l’association qui, en première intention et dans une optique de sensibilisation, leur demande de retirer des contenus manifestement illicites.

Profitant d’un cadre législatif permissif et flou, 42 % des 442 influenceurs contactés par Addictions France persistent à promouvoir de l’alcool, y compris 92 détenteurs du certificat d’« influence responsable » délivré par l’ARPP. Pire, certains vont jusqu’à solliciter leurs communautés pour s’opposer aux actions de l’association et les délégitimer, affichant un mépris total des enjeux de santé publique

 

« Ce nouveau bilan est consternant. Le flou législatif persiste, encourage les infractions et renforce, chaque jour, e sentiment d’impunité des influenceurs qui en viennent à dénigrer nos missions d’utilité publique, et ce malgré notre statut de signaleur de confiance. »

Myriam Savy, Directrice de la communication et du Plaidoyer à Addictions France

 

 

Parmi les 442 influenceurs sensibilisés par Addictions France, 126 ont réagi, le plus souvent de façon contestataire :

 

Partenaires de choix des marques d’alcool, plusieurs influenceurs répètent l’infraction, souvent via des stories éphémères difficiles à réguler.

En novembre 2024, l’association a ainsi engagé une action judiciaire contre trois influenceurs réitérants : Renan Pacheco (@iamrenanpacheco), Perou Grace (@iamgrace), Stéfan Tisseyre (@stefan_Tisseyre).

Heureusement, certains influenceurs se montrent plus réceptifs aux messages d’Addictions France et suppriment spontanément les contenus problématiques. C’est notamment le cas du célèbre duo de Youtubeurs McFly et Carlito, qui a cessé ses vidéos de dégustation d’alcool après un rappel de la loi.

Addictions France appelle à passer des discours aux actes

Sans action concrète de la part du gouvernement, les marques, avec l’appui des influenceurs, continueront d’avoir le champ libre pour attirer les jeunes vers l’alcool, avec un risque accru de développer une dépendance à l’âge adulte.

La semaine dernière, lors des débats sur le PLFSS, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist a annoncé un plan de prévention des risques liés à la consommation d’alcool visant à mieux « protéger les mineurs avec un respect strict de l’interdiction de vente et la limitation de l’exposition à la publicité ». Cette annonce ne doit pas rester lettre morte : il est urgent d’interdire toute forme de publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux et d’instaurer des sanctions réellement dissuasives.